mardi, 21 février 2006
Analyse de l'endettement de l'économie française (Partie II)
La France a déjà enregistré par le passé des ratios d’endettement plus important que ceux que nous connaissons aujourd’hui. Ce fut le cas en 1918 où la dette financière s’élevait à 130 % du PIB et en 1945 avec un rapport de 170 %. On le voit bien il s’agit de périodes très exceptionnelles marquées par les efforts de guerre.
D’autres pays européens ont un ratio d’endettement plus conséquent que le notre, c’est le cas de l’Allemagne (66 %) de la Belgique avec (92 %), de l’Italie (106 %) et de la Grèce (110,5 %). En la matière, la France se classe au 5ème rang parmi l’Europe des 15. Depuis 10 ans la France est le pays dont la dette a le plus augmenté en Europe.
Le Japon connaît enregistre un ratio d’endettement de 157 % de son PIB. Cependant ce pays a un taux de prélèvements obligatoires (voir sur ce blog la définition dans la note : fallait-il baisser les impôts dans la rubrique économie ) de 26 % contre 44 % pour la France. Le Japon pourrait donc augmenter sa fiscalité sans trop obérer sa compétitivité afin de réduire son endettement.
17:27 Écrit par Alain DUCHESNE dans Economie | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Désolé, je ne peux pas m'empêcher de vous faire cette réponse. Après je vous laisse tranquille , c'est promis.
Votre analyse ne permet pas vraiment de se faire une idée de la situation dramatique que nous allons vivre.
Vous parler de situations déjà vécues, mais comme vous le savez après les périodes de guerre,en 1918 et en 1945, la situation n'avait rien de comparable et les dettes publiques ont fondu de moitié en 45 en une seule année! Aujourd'hui ce n'est pas imaginable. De plus l'appareil administratif n'était pas aussi lourd qu'à ce jour.
Petite précision : au sortir de la guerre 14-18, la dette a été au coeur du débat politique...et du traité de Versailles. Une pression financière insoutenable a été maintenue sur les Allemands, du fait d'un homme en particulier Clemenceau et c'est cet aveuglement d'un responsable politique en particulier qui a conduit à la deuxième guerre mondiale, les Allemands ne s'étant jamais vraiment remis de cette catastrophe financière. Keynes a été a peu près le seul à l'époque à prédire ce qui allait se passer dans son livre génial sur les conséquences économiques de la Paix.
La dette , ce n'est donc pas rien. Et la gestion de la dette non plus.
On pourrait multiplier les exemples de pays qui ont sombré avec les dettes. Pour des motifs différents l'Argentine par exemple s'est enlisée pendant des décennies, jusqu'à déclencher une crise majeure. Or l'Argentine, comme la France est un pays qui a tout pour lui. Au milieu des années 30, l'Argentine était même la septième puissance mondiale, qui peut l'imaginer encore?... Après quelques décennies passées sous la houlette de la classe politique la plus stupide de la planète, on sait ce qui est advenu.
Vous prenez aussi l'exemple de l'endettement de l'Allemagne, et de l'Italie, ce qui peut là aussi nous laisser croire que finalement nous ne sommes pas seuls dans cette situation.
Pour l'Allemagne vous le savez, c'est très différent. Ce pays porte encore l'onde de choc de la réunification, et cet endettement est en quelque sorte un investissement sur le futur.
De plus la conjonction d'une dette démesurée pour trois pays proches peut avoir un effet renforcé d'un cocktail redoutable.
Je ne parle pas non plus de la dette des Etats Unis et du Japon qui sont incomparables avec la nôtre.
Enfin, nous sommes le pays d'Europe dont le ratio d'endettement a le plus augmenté depuis 10 ans.
Notre situation est réellement critique et - c'est là où je voulais en venir - les élus sont et seront incapables de prendre les mesures qui s'imposent, les seules véritables mesures qui peuvent permettre tout à la fois de réduire notre endettement et de créer des emplois réels : la réduction du nombre de fonctionnaires...dont, au passage, les retraites n'ont pas été comptabilisés dans le calcul de l'endettement français
Cordialement
Écrit par : François Ducrocq | mardi, 21 février 2006
Bonjour Monsieur Ducrocq,
Merci pour vos remarques très intéressantes.
Vous trouverez la suite de mon analyse dans les jours qui viennent.
Bien sûr, les niveaux d'endettement de la France au début du siècle s'expliquent par des raisons historiques. De même l'endettement de l'Allemagne , dû à la réunification, peut être considéré comme un fabuleux investisssement pour l'avenir. Les USA ont un taux d'endettement (proche de celui de la France) qui en retour leur permet de connaître une croissance économique pourvoyeuse d'emplois. Seul l'Italie s'identifie au cas français.
Je continue mon analyse et vous propose d'y intégrer, avec vous, les dangers d'un endettement trop important. Par exemple en nous fondant sur des exemples concrêts de crise d'endettement, je pense au cas mexicain en 2001.
A bientôt sur le blog.
Alain Duchesne
Écrit par : Alain Duchesne | mercredi, 22 février 2006
Selon une étude menée par le mensuel "L'expansion", à l'horizon 2010 la France se retrouverait dans une situation de cessation de paiement, si l'on ne s'oriente pas vers de véritables réformes de fond, et non pas du "bricolage" comme c'est le cas avec l'UMP depuis 2002. Le risque de cessation de paiement est-il véritablement réel?
Écrit par : Bernard | mercredi, 22 février 2006
Merci Bernard pour votre question très pertinente.
Avant d’arriver à cette question dans mon «analyse de l’endettement de la France » que vous pourrait suivre sur mon blog, je tiens à vous donner quelques éléments de réflexion.
Le principal danger est que notre endettement s’élève sans croissance économique. Or c’est le cas depuis que ce gouvernement est arrivé au pouvoir. A titre d’informations, la croissance économique en 2003 était de 0,9 %, elle était de 2,1 % en 2004 et est redescendue à 1,4 % en 2005 (chiffres INSEE). Le résultat de la politique économique du gouvernement est plus que décevant. Le risque est que l’endettement continue à s’élever alors que la croissance diminue. Les différents rapports montrent un risque de cessation de paiement si la dynamique se poursuivait.
Pour ma part, je pense que le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) obligera les gouvernements à venir à davantage d’orthodoxie budgétaire. Les sanctions en matière de dépassement des critères du PSC sont très dissuasives, de l’ordre de 0,5 % du PIB.
A fiscalité constante, un ralentissement économique se traduit inévitablement par une baisse des recettes fiscales. Dans ces conditions, l’Etat est obligé de s’endetter pour maintenir ses engagements. Comme je l’avais prévu, le choix du gouvernement actuel, en matière fiscale, n’a pas relancé notre économie, au contraire, il n’a fait qu’alourdir notre endettement.
Nous sommes à la merci d’un ralentissement économique et sur le fil du rasoir en ce qui concerne les sanctions européennes. Pour rappelle, la France en 1997 a été l’instigatrice du PSC, elle a obligé les autres pays européens à la rigueur. Avec une politique inefficace, sans croissance, le gouvernement actuel doit réduire ses dépenses, attention aux choix qui sont faits par ce gouvernement en matière de réduction d’endettement (surtout en ce qui concerne l’éducation nationale). C’est là, pour moi une véritable crainte.
Je vous invite, Bernard, à continuer de nourrir ce blog de vos questions et de vos réflexions.
Cordialement,
Alain Duchesne
Écrit par : Alain Duchesne | mercredi, 22 février 2006
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