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lundi, 21 novembre 2005

L'apprentissage à 14 ans comme réponse ?

Aujourd’hui de nombreux jeunes cherchent à entrer dans l’apprentissage et, faute d’entreprises ou même de places disponibles dans les CFA, ne peuvent signer de contrat d’apprentissage.

Pourquoi des jeunes de 14 ans issus des banlieues et souvent en échec scolaire trouveraient-ils plus aisément un contrat d’apprentissage ? Les discriminations que rencontrent les jeunes des banlieues dans le monde du travail se retrouvent dans le monde de l’apprentissage.

Les campagnes de publicité dans les banlieues n’ont pas permis aux jeunes de plus de 16 ans de ces quartiers de trouver plus facilement des contrats d’apprentissage.

Quelles mesures pourrait prendre l’Etat pour que les entreprises embauchent des jeunes de 14 ans ? La nouvelle grille salariale de l’apprentissage (décret du 6 septembre 2005) annonce une rémunération de 25 % du SMIC pour un jeune de 16 ans. Faut-il s’attendre à un salaire encore plus faible pour inciter les entreprises à recruter des jeunes de moins de 16 ans. Faut-il s’attendre à une discrimination positive ?

L’apprentissage demande aux apprentis des efforts très soutenus. Ils doivent s’adapter au monde de l’entreprise en suivant le même programme que ceux qui suivent la même formation en temps plein. Cela demande une certaine maturité. On enregistre déjà plus de 20 % de taux de rupture des contrats. Dans l’hôtellerie ou dans la restauration environ un contrat sur quatre est rompu avant son terme. L’apprentissage implique de concilier travail scolaire et professionnel or les jeunes de 14 ans en échec n’ont pas, en général, les capacités pour faire face à de telles contraintes. Dans certains métiers, le bâtiment, la boulangerie les apprentis doivent avoir une maturité physique et psychologique que même les jeunes de 16 ans ont du mal à remplir. En ouvrant l’apprentissage à 14 ans on va accroître le taux de rupture des contrats ce qui sera dommageable à la fois pour nos entreprises mais aussi pour nos jeunes.

Pour un jeune de 14 ans une rupture de contrat pourrait avoir des conséquences psychologiques et sociales irréversibles.

Que deviendra-il ? Dans quelles dispositions psychologiques sera-t-il lorsqu’il devra réintégrer le système scolaire traditionnel en milieu d’année après la rupture de son contrat ?

Il faut que les jeunes qui entrent en apprentissage aient un bagage scolaire minimum qui leur permette d’acquérir les connaissances nécessaires à cette filière et favorise leur adaptation au monde du travail et aux méthodes pédagogiques propres à ce cursus. De même nos entreprises ont besoin d’apprentis qui ont ces capacités, qui ont des repères intellectuels, culturels et un sens civique. Seul l’école est à même de remplir cette mission, son rôle est essentiel à notre nation il est irremplaçable. Les chefs d’entreprises, les artisans recherchent des jeunes de plus en plus qualifiés et ne peuvent former que des jeunes qui ont déjà acquis des savoirs de base.

En proposant une telle mesure on dénigre notre système scolaire qui certes à besoin d’être réformé (renforcement de l’autorité des professeurs et de la discipline), on dénigre la capacité des forces de l’ordre à faire appliquer la loi (l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans), on dénigre l’apprentissage qui devient une voie de garage, une voie par défaut. Au moment même où l’apprentissage reconquiert ses lettres de noblesse on le dévalorise.

Dans de nombreux CFA le nombre d’apprentis par classe est déjà trop important pour assurer la pérennité de la réussite du système. En ouvrant l’apprentissage à 14 ans il faudra ouvrir de nouvelles structures déjà nécessaires, les régions en ont-elles les moyens ?

La demande d’apprentis de la part des entreprises risque encore d’être plus faible que l’offre de travail en apprentissage de la part de nos jeunes. Or la règle d’ajustement par le côté court du marché permet d’assurer que les entreprises joueront bien leur rôle " d’entreprise apprenante ".

L’ouverture de l’apprentissage aux jeunes de 14 ans demandera un recrutement de nouveaux formateurs qui dans les EPLE (Etablissements Publics Locaux d’Enseignements) sont majoritairement en situation statutaire précaire (vacataire, contractuels de l’éducation nationale). Ce sont à ces mêmes formateurs sous statuts précaires qu’on envisage de donner la responsabilité de régler le problème des banlieues !

 

 

12:00 Écrit par Alain DUCHESNE dans Apprentissage | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

d'accord à 100%!

Écrit par : fischer | dimanche, 11 décembre 2005

Les commentaires sont fermés.