dimanche, 02 avril 2006
Les effets macroéconomiques à attendre de l'Union Européenne (Troisième Partie)
Les effets négatifs de la construction du grand marché européen sont essentiellement dus au regain de concurrence qu’autorise la libéralisation du commerce international intra zone. Avec l’ouverture au commerce régional européen les entreprises non compétitives de la zone disparaissent entraînant avec elles, à court terme, des vagues de licenciements. On peut alors distinguer deux types de chômage.
Le chômage « frictionnel » qui s’explique par l’inadéquation entre la demande de travail (des entreprises) et l’offre de travail (des salariés). Les personnes licenciées n’ont pas les compétences, les diplômes et l’expérience nécessaires pour travailler dans les entreprises qui, elles, gagnent des parts de marché dans l’Union Européenne. Nous sommes dans à une situation où les entreprises compétitives souhaitent recruter des salariés et ne les trouvent pas alors qu’au même moment des chômeurs cherchent un emploi. En France plus de 350 000 personnes sont ainsi recherchées par des entreprises. Ce type de chômage est le plus insupportable économiquement, les postes non pourvus dans les entreprises obèrent leur compétitivité, en même temps on enregistre du chômage qui affecte négativement les comptes sociaux de l’Etat. C’est aussi plus insupportable humainement, car les chômeurs, faute de compétences, ne peuvent répondre aux demandes de travail des entreprises.
Dans l’Union Européenne, le libéralisme intra zone entraîne également l’abandon de secteurs non compétitifs et le développement de secteurs compétitifs. Se pose alors la question du différentiel d’intensité en main d’œuvre entre les secteurs abandonnés et ceux de la spécialisation. Si les secteurs abandonnés sont très intensifs en main d’œuvre par rapport à ceux de la spécialisation on risque le développement d’un chômage « structurel ».
Notre analyse dévoile que les impacts de la construction de notre grand marché européen seront différents selon les pays membres de l’UE. Les pays qui se spécialiseront dans des produits demandant des qualifications proches de celles des secteurs abandonnés seront peu touchés par le chômage frictionnel. De même, les pays dont l’intensité en main d’œuvre des secteurs de la spécialisation sera équivalente aux secteurs abandonnés connaîtront peu de chômage structurel.
Notre étude démontre que les impacts négatifs de la création du grand marché européen sont plus ou moins importants selon les spécificités des économies des pays membres de l’UE et de leur dynamique de spécialisation. Et déjà nous pouvons avancer que les Etats devront accompagner cette dynamique, de mesures visant à en limiter les effets négatifs tout en préservant les effets positifs que nous avons mis en évidence dans les parties I et II de notre cycle d’études consacré aux « effets macroéconomiques à attendre de notre grand marché européen ».
12:46 Écrit par Alain DUCHESNE dans Economie Européenne | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Bonjour Monsieur Duchesne, après une absence de quelques semaines de votre blog pour cause d’examens, je découvre votre analyse sur les effets macroéconomiques négatifs à attendre, je viens donc donner mon humble avis en m’inspirant de la presse économique du moment.
Récemment le quotidien La Tribune à publier une enquête réalisée par la Cégos aux prés des DRH sur la question de l’appel d’air qu’est sensé provoquer le « PAPY-BOOM » sur le marché de l’emploi. Cette enquête a révélé que le solde « création / destruction » d’emploi sera tel que l’impacte sur le marché du travail ne sera pas significatif, les entreprise ont l’intentions de faire appel au transfert de connaissance « Konwledge Managment » pour gérer cette crise.
Je pense qu’en l’absence d’une croissance durable et stable les entreprises continueront de préférer cette stratégie qui consiste à augmenter la productivité de leur salarié, il est donc à mon avis dommage de ne pas profiter de cette opportunité.
Que valent encore nos universités ? C’est le titre d’Enjeux Les Echos de ce mois d’avril, il est question de l’adéquation entre la formation et les rééls besoins du marché du travail, ainsi dans votre analyse lorsque vous évoquez le chômage frictionnel, vous dites qu’il y a plus de 350 000 personnes touchés ! Ce qui m’amène a pensé que le rôle des universités dans la formation ainsi que l’insertion de leurs étudiant doit être bien plus important dans la lutte contre le chômage frictionnel, vous comme moi savons que cela est possible puisque à l’image de l’ESC Lille les école en s’adaptant au besoins du marché de l’emploi à travers les spécialisations proposés et en s’impliquant dans l’insertion de leurs étudiants.
Trop nombreux sont les élèves s’engagent dans de filières non professionnalisant, fait que l’on ne peut reprocher aux étudiants eux-mêmes mais aux répartitions des places disponibles. L’université à prouver qu’elle pouvait s’adapté grâce aux IAE qui dispense un enseignement en science de gestion. Les universités pourraient s’inspirer de ce modèle pour créé des offres de formations plus en phase avec les besoins.
L’hebdomadaire Challenges explique dans un article que l’université de Rennes II maintient le mouvement anti-cpe sans expliquer les revendications des étudiants aussi je pense que cette crise est aussi une crise de l’université tel que nous là connaissons car il est tant que nous comprenions qu’elle doit former des futurs professionnels et non des théoriciens du tout ou des rêveurs utopistes déconnecté des réalités !
Bien sur j’exagère et émet un « jugement de valeur » mais je le fais volontairement pour illustrer plus explicitement un fait qui a mon sens est indéniable et non marginal !
Pour conclure à mon avis le chômage conjoncturel peut être lourdement aggravé par les chômages structurel et frictionnel et chaque état devrait prioritairement les traiter ainsi les cercles vertueux que pourrait avoir la croissance sur le chômage conjoncturel prendra tout son ampleur.
très cordialement !
Écrit par : Samir AMELLAL | jeudi, 13 avril 2006
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