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lundi, 13 mars 2006

Analyse de l'endettement de la France (Partie VI)

Comment réduire l’endettement de la France sans affecter négativement sa croissance ? (dernier volet)

Dernières recommandations en guise de conclusion

Il faut créer davantage de croissance en utilisant de manière optimale nos dépenses. Les dépenses réalisées par le gouvernement doivent être motrices pour l’ensemble de l’économie française. Pour déterminer cet effet d’entraînement sur l’économie, l’INSEE (voir lien) construit chaque année un Tableau Entrée Sortie (dit tableau de Leontieff du nom de l’économiste prix Nobel). Ce tableau montre les interdépendances entre les entreprises. L’Etat en orientant ses dépenses vers les branches motrices de l’économie française générera davantage de croissance. C’est cette croissance économique qui, en retour, générera aussi de nouveaux emplois pour les jeunes (voir ma note sur ce blog concernant le CPE). Cette hausse d’activité sera source de recette fiscale qui devra être utilisée à la baisse de notre endettement. Dans de telles conditions, le ratio d’endettement diminuera de fait par la hausse de la croissance économique. Il faut redéployer nos dépenses vers les secteurs moteurs du reste de notre économie. C’est une proposition forte que vous retrouverez également dans ma contribution au développement économique de la région Nord-pas-de-Calais. (voir site du Conseil Régional NPDC)

Il faut que l’on soit capable lorsque nous faisons des dépenses nouvelles de réduire d’autres dépenses. C’est là une règle essentielle si nous voulons résolument diminuer notre endettement.

Il faut que l’Etat favorise le développement des entreprises compétitives. Pendant les années 80 le gouvernement a subventionné l’industrie sidérurgique à fonds perdus. Il était impossible de lutter contre les nations émergentes (Les Nouveaux Pays industrialisés : NPI). En 1986, on décide de réduire ces aides et de favoriser le développement de l’informatique française. Mais il était trop tard, d’autres nations avaient déjà investi dans ce secteur et étaient  extrêmement compétitives. L’argent dépensé pour relancer cette activité sera lui aussi perdu. Où en est la France en matière d’informatique ? Totalement dépendante des autres nations ! Où en est l’industrie sidérurgique ? Démantelée !

Nous l’avons démontré la situation actuelle est le résultat du laxisme et des choix économiques qui ont été faits par les gouvernements depuis 25 ans. Ces dernières années ce sont surtout les politiques fiscales (de la gauche puis de la droite) inadaptées à la conjoncture qui ont creusé notre endettement. Les choix, plus que contestables, des politiques industrielles des années 80 ont entraîné des dépenses sans croissance et ont obéré notre compétitivité.

Nous sommes les héritiers de ces successions de choix fallacieux. Il est plus que temps que les gouvernements prennent conscience du danger de la dette. Il faut revenir à une utilisation contracyclique des finances publiques. Il faut savoir assainir les finances publiques en période de haute conjoncture. C’est cette manne financière qui nous permettra de mener des politiques de relance lorsque la conjoncture se retournera. Les finances publiques doivent être utilisées comme modérateur de crise ce n’est pas un puit sans fond, l’ignorer fait peser des risques économiques et donc sociaux importants sur notre pays.

Il ne faudra pas manquer de poser la question de la réduction de la dette aux candidats qui se présenteront aux élections Présidentielles. Comment compteront-ils réduire la dette de l’Etat  sans réduire la croissance économique ?

06:00 Écrit par Alain DUCHESNE dans Economie | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Bonjour monsieur Duchesne, je suis l’un de vos anciens élève, nous nous sommes croisé la semaine dernière devant l’ESC Lille.

J’ai lu avec beaucoup d’attention vos analyses sur l'endettement de la France.

L’utilisation contracyclique des finances publiques impliquerai le recoure a une politique de rigueur budgétaire en temps de croissance et de déficit publique en temps de crise pour soutenir emploi et demande, ainsi stimuler la croissance, conformément aux préconisations des économistes de la synthèse.

L’un des plus illustre d’entre eux Paul Anthony Samuelson admet qu’il est difficile de trouver équilibre, il parle : d’équilibre de sous emplois et d’écart inflationniste. Le monétariste Milton Fridman, explique que l’augmentation de la masse monétaire résultats d’une politique d’interventionnisme étatique, crée de l’inflation et ne permet pas au chômage de descendre en dessous de son seuil naturel.

Aussi je me pose la question de l’utilité du multiplicateur d’investissement dans un pays ou la balance commerciale est déficitaire -29 M$ en mars 2006 CF "Enjeux les Echos", avec une demande de plus en plus élastique au prix et une concurrence accrue des pays a faibles couts de productions comme Chine ? Une politique keynésienne n’aurait-elle pas pour effet dans un premier temps de créer de l’inflation puis de contribuer au déficit du solde commercial de la France par l’importation de produits et services moins chères ?




Pour relancer la croissance que pensez-vous de la logique « schumpetérienne » qui consiste à favoriser entreprise, l’entreprenariat et l’innovation pour créer de la VA et ainsi de la croissance, de plus cette logique est compatible avec la théorie sur les dotations factorielles HOS sans doute bénéfique à la balance commercial ?

Vous expliquez que l’euro et la BCE n’autorise plus la pratique d’une politique monétaire a l’échelle nationale car cette dernière doit prendre en considération les particularités de chaque pays, est-il possible de s’en approcher grâce à l’Open Market ?


Merci de votre attention, merci de pardonner mon résonnement probablement naïf.

Écrit par : Amellal | jeudi, 16 mars 2006

Bonjour Amellal,

Bienvenu sur ce blog et vos questions et analyses y ont tout à fait leur place.
Vous posez de nombreuses interrogations auxquels je vais tenter de répondre dans l'ordre et le plus brièvement possible.
- En période de croissance la politique de rigueur n'est pas la seule possible. L'Etat peut en profiter pour réduire la fiscalité, cela génerera davantage de croissance et donc de recettes fiscales, qui seront nécesssaires pour répondre aux périodes de ralentissement. (voir sur ce blog, mon analyse sur la conjoncture favorable à la baisse fiscale : rubrique économie : "la baisse des impôts était-elle souhaitable en France ?"
- Vous faites référence aux économistes du courant de la Synthèse, implicitement au modèle Hicks Hansen. Ce modèle est construit sous l'hypothèse forte d'élasticité totale de l'offre à la demande. Il faut passer au modèle Quasi-Offre/ Quasi Demande qui lui prend en compte l'importance de l'élasticité de l'offre à la demande et donc permet d'étudier l'impact inflationniste sur l'économie. Il faut y ajouter les enseignements du Modèle Mundel-Flemming pour évaluer l'impact des politiques économiques sur la Balance des Paiements. Ces modèles ont été testés et le modèle DRI démontre qu'en période d'élasticité forte de l'offre à la demande, aussi bien sur le marché du travail que sur le marché des biens et services, les politiques politiques keynésiennes ne sont pas obligatoirement inflationnistes. Or, en période de crise ces élasticité sont généralement orientées de la sorte. Le modèle DRI démontre même que la relance keynésienne peut permettre d'engendrer une baisse des coûts unitaires de production à court terme. (grace à l'exploitation des économies d'echelle et des gains de productivité).
- Les politiques de relance doivent être menées de manière mesurée, j'ai envie de dire raisonnée, l'objectif c'est la croissance durable c'est à dire sans inflation, pour éviter les pertes de compétitivité que vous évoquez et surtout éviter un renversement de la demande.
- Bien sûr la France est condamnée à innover si elle veut rester compétitive. Je ne reviens pas sur cette thématique, je l'ai développée dans ma note consacrée à la recherche (rubrique économie : Analyse de l'endettement de la France). Plus que J. Schumpeter, c'est sur les travaux de Posner et de Vernon qu'il faut s'appuyer.
- Pouvez vous préciser votre dernière question sur l'Euro ?

Merci Amellal ! pour cette reflexion, à bientôt,

Bien Cordialement,
Alain Duchesne

Écrit par : Alain Duchesne | jeudi, 16 mars 2006

Bonjour Monsieur Duchesne

Tout d’abord merci de vos réponses, en effet dans ma réflexion, je ne tiens pas compte de l’élasticité de l’offre à la demande. Pour ce qui est des néo-keynésiens, je faisais effectivement référence au model IS-LM, au quel Mundel introduit la notion d’échanges internationaux et les mouvements de capitaux.

Robert Mundell explique en effet que tout dépend du régime de change en vigueur. Dans un système de changes flottants, une politique monétaire expansive par l’augmentation des dépenses publiques accroît les besoins de financement l’Etat, ce qui entraîne une hausse des taux d’intérêt et donc une entrée de capitaux étrangers due à la meilleure rentabilité des placements. Il en résulte alors une appréciation de la monnaie et une dégradation de la compétitivité-prix.

Ce qui m’amène a la dernier question que vous m’avez demandé de préciser, question qui après cout, je m’en rends compte, était très mal formuler. Les pays de la zone euro ayant perdu le contrôle de leur taux d’intérêt puisque c’est la BCE qui définis les taux directeur, les Opérations d'open market qui sont des opérations d’achat d’actif par les banque centrales nationales afin d’agir l’offre de monnaies, peuvent-t-elle permettre d’acquérir une forme relative d’autonomie pour la maitrise des taux d’intérêts ?

En ce qui concerne Posner et de Vernon je ne connaissais pas ces auteur, je vous remercie de les porter a ma connaissance, je viens de lire un article de Vernon Smith que je trouve extrêmement intéressant !


Cordialement !

Écrit par : Samir Amellal | mardi, 21 mars 2006

Bonjour Samir,

Content de vous lire à nouveau. Je voudrais attirer votre attention sur le fait que la hausse du taux de change nominal n'est pas un élément suffisant pour conclure sur la compétitivité prix. Il existe des situations ou la hausse des taux de change permet la baisse des prix (c'est le cas lorsque l'économie enregistre de forts effets de liaison import-export : cas de la France). Il faut absolument raisonner en terme de taux de change réel. Dans ces conditions la politique budgétaire peut entraîner une hausse des taux d'intérêt (effet d'éviction) que l'on peut compenser par une politique monétaire accomodante (qui vise à limiter la hausse des taux d'intérêt), l'effet de liaison import-export aidant, l'endettement ne se solde pas obligatoirement par une perte de compétitivité. Mais attention, il faut au préalable et je le repète, une certaine élasticité de l'offre à la demande de biens et services.
Aujourd'hui, c'est la BCE qui par détermine, dans le cadre du SEBC (système européen de banque centrale), les interventions monétaires des banques centrales, pas d'autonomie. Mais nous reviendrons sur cette question lorsque nous aurons terminé notre étude sur les effets macroéconomiques à attendre de l'expérience d'intégration européenne. L'euro sera notre prochain thème, vous me le suggérez.
Samir je vous convie donc à participer à notre travail sur l'europe.

A bientôt,
Très cordialement,
Alain Duchesne

Écrit par : Alain Duchesne | mardi, 21 mars 2006

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