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vendredi, 24 février 2006

Analyse de l'endettement de l'économie française

Pourquoi le niveau d’endettement de la France est dangereux pour son économie ? (Partie V)

            Le niveau d’endettement de la France fait courir un risque fort à notre économie. Si la croissance, qui est déjà très faible (0,9 % en 2003, 2,1 % en 2004, 1,4 % en 2005) venait à ralentir, mécaniquement les recettes de l’Etat diminueraient (c’est l’effet ciseau). Dans une telle situation, proche de la récession, l’Etat ne serait plus capable d’assumer ses dépenses sans élever à nouveau son déficit et donc son endettement.

Lorsque la dette dépasse un certain seuil, les prêteurs peuvent renâcler à prêter davantage et le gouvernement risque la cessation de paiement. Il ne peut plus pérenniser ses dépenses d’investissement et dans certains cas extrêmes, ne peut plus assurer jusqu’au fonctionnement de certaines de ses institutions.

Ce scénario catastrophe a été vécu par le gouvernement argentin en 2001. L’économie argentine qui connaissait des taux de croissance très élevés, de l’ordre de 10 %, enregistrait en même temps une hausse de son niveau d’endettement plus que proportionnelle. Lorsque les effets de retour du ralentissement de l’économie américaine ont touché l’économie argentine, le gouvernement argentin a vu fondre ses recettes fiscales et ne pouvait même plus rembourser sa dette ni honorer les salaires des fonctionnaires (policiers, militaires …). La crise s’est installée, avec elle, les émeutes, la misère et la famine (révolution des casseroles). Cela s’est déroulé en même temps que les préparatifs de la guerre en Irak et fut peu médiatisé.

            Le comité de politique économique de l’Union Européenne a simulé que l’endettement de la France avec des déficits de 3 % par an et un taux de chômage de 9 %, atteindrait environ 100 % du PIB en 2014 et prés de 400 % en 2050.

En France, si le rythme d’augmentation de l’endettement se poursuit, on risque que les prêteurs perdent confiance dans la capacité du gouvernement à réduire sa dette, à relancer sa croissance. Dans une telle situation, les prêteurs auront tendance à demander une hausse de leur prime de risque, c'est-à-dire du taux d’intérêt. Cette hausse du taux d’intérêt dans l’économie française obérerait les investissements des entreprises privées. La baisse des investissements, qui constituent les débouchés des entreprises des secteurs industriels, générerait moins de production et moins d’emplois (c’est le premier effet d’éviction). Au même moment la hausse du chômage engendrerait une hausse de l’épargne de précaution. Epargne, qui serait également accélérée par la hausse du taux d’intérêt. Dans ces conditions, la hausse de l’épargne conduirait à une baisse de la consommation et des débouchés des entreprises (deuxième effet d’éviction). C’est ainsi la récession qui nous guète. Certaines études économétriques démontrent qu’une hausse d’un pourcent du taux d’intérêt génère au bout de trois ans une perte de 0,6 % de croissance et une perte de 80 000 emplois.

Par ailleurs, la France a été l’instigatrice du PSC (Pacte de Stabilité et de Croissance) qu’elle a signé en 1997. Celui-ci stipule que les gouvernements européens doivent maintenir leur endettement à un niveau inférieur à 60 % de leur PIB et que leur déficit public ne doit pas dépasser 3 % de ce PIB. Il existe donc un « garde  fou » à la dérive de l’endettement français et nous en avons aujourd’hui bien besoin ! Les sanctions en cas de manquement peuvent aller jusqu’à 0,5 % de notre PIB ! Elles sont donc très dissuasives !

Notre endettement nuit au financement de nos entreprises et à notre consommation (effets d’évictions). Aujourd’hui nous sommes sur le fil du rasoir, le moindre ralentissement économique ferait peser sur nous le poids des sanctions européennes et nous obligerait à une politique de rigueur, d’austérité, sans précédent !

Déjà le gouvernement actuel tente face à l’échec de sa politique fiscale (voir sur ce blog : la politique de baisse fiscale était-elle souhaitable ? rubrique : économie) de compenser le manque de recettes fiscales par une baisse de ses dépenses. La vente de notre patrimoine ne suffisant pas à éponger la déroute économique, ce qui m’inquiète, au-delà de l’incapacité du gouvernement à rendre confiance aux ménages français et à créer de la croissance, ce sont les choix des secteurs dans lesquels se feront les coupes budgétaires…

 

Il nous faut chercher des pistes permettant de réparer les erreurs des gouvernements de gauche et de droite qui se sont succédés depuis 25 ans.

Le défi : réduire notre endettement en tentant de ne pas affecter note croissance si fragile.

06:45 Écrit par Alain DUCHESNE dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0)

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