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samedi, 18 mars 2006

Les effets macroéconomiques à attendre de l'Union Européenne (Partie I)

Péambule

C’est pour préserver la paix entre les peuples européens que Robert Schuman, Ministre français des Affaires étrangères, le 9 mai 1950, reprend l’idée de Jean Monnet de mettre en commun avec l’Allemagne et les pays qui le souhaitent la production et la commercialisation de produits aussi stratégiques que sont  le charbon et l’acier. Dans le cadre d’une organisation européenne, il s’agissait de créée une Maison Europe où les peuples  fraterniseraient. Ils furent de véritables visionnaires.

Aujourd’hui, la construction européenne s’inscrit dans une dimension plus économique, plus précisément dans un processus d’intégration économique. Dans le monde de nombreux pays se sont constitués en zone d’intégration économique, (ALENA, MERCOSUR, ALADI, UDEAC, CEAO, ASEAN…)

Le phénomène de régionalisation qui ne cesse de s’amplifier s’explique par les échecs répétés de l’OMC à mettre en place un libre échange loyal. Les pays qui s’intègrent cherchent aussi à bénéficier des effets positifs d’un libre échange raisonné à un niveau régional. On note à cet égard, plusieurs niveaux d’intégration. A la suite des travaux de Bela Balassa, dans les années soixante, les économistes retiennent généralement cinq étapes d’intégration : la Zone de Libre Echange où seules les marchandises et les services circulent librement entre les membres de ladite zone ; l’Union Douanière qui reprend la zone de Libre Echange à laquelle on ajoute des tarifs extérieurs communs ; le Marché Commun, qui adjoint à l’Union Douanière la libre circulation des hommes et du capital, puis vient l’Union Politique et Economique (UEP) qui reprend le Marché Commun avec une harmonisation des politiques fiscales et des politiques économiques concertées. L’ultime étape est celle de l’Union Economique Politique et Monétaire, on ajoute à l’UEP des taux de change fixes, voire une monnaie commune (Ce qui est le cas, actuellement, pour 12 pays de l’UE-25).

Les effets internes de la construction d’un grand marché européen (premier cercle vertueux)

Les fondements de l’intégration économique sont à rechercher chez les économistes libéraux qui, les premiers, ont développé des démonstrations formalisées sur les conditions dans lesquelles le recours au commerce international est positif. Ce fut le cas de David Ricardo en 1817, dont on retrouve encore les traces dans les calculs des Avantages Comparatifs Révélés du CEPI (voir lien).

L’ablation des restrictions aux échanges entre certains pays exacerbe la concurrence intra zone. L’objectif poursuivi est une meilleure utilisation des facteurs de production (ressources naturelles, capital et surtout main d’œuvre).  Dans un contexte concurrentiel les entreprises non performantes disparaîtront alors que les plus compétitives gagneront des parts de marché et se développeront. Ces entreprises pour répondre à la demande investiront ce qui procurera de nouveaux débouchés à tous les secteurs d’activité. Le grand marché européen permettra aux entreprises d’atteindre une taille suffisante pour exploiter les économies d’échelle et de dimension gages de baisse des coûts unitaires de production. Ce sont alors des baisses de prix qui sont attendues. Les études inductives sur la corrélation coût unitaire – prix démontrent que la baisse des prix est généralement plus faible que la baisse des coûts unitaires. Dès lors les entreprises enregistrent des marges plus importantes et dégagent de l’autofinancement, ce qui  renforcera la décision d’investir (comportement connu des économistes sous le nom de théorie du mark-up). Au total, la baisse des prix accélère la consommation, la hausse des investissements entraîne une demande supplémentaire de biens de production, ce sont les débouchés des entreprises qui augmentent, la production s’élève. On entre alors dans un cercle vertueux de croissance sans inflation qui s’entretien, autrement dénommé croissance durable.

Résumé schématique :

medium_integration_europeenne_2_.jpg

 

06:05 Écrit par Alain DUCHESNE dans Economie Européenne | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Plusieurs d'entre vous m'ont demandé de réaliser une représentation schématique pour illustrer les enchaînements macroéconomiques de la construction européenne. Je vous propose ce schéma en espérant qu'il vous conviendra.

Alain Duchesne

Écrit par : Alain Duchesne | mercredi, 22 mars 2006

Bonjour Monsieur Duchesne C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai lu votre analyse, d’autant plus que ma pensée allait dans ce sens avant de vous lire, c’est donc pour moi l’opportunité de vous exposer les contradictions auxquelles je me suis heurté au cours du temps. Ainsi lors que vous écrivez : « L’objectif poursuivi est une meilleure utilisation des facteurs » je comprends que vous faite référence au modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson, auquel je suis attaché, vous poursuivez en écrivant que « Dans un contexte concurrentiel les entreprises non performantes disparaîtront » ce qui concorde avec un optimum de Pareto puisque selon cette règle il existe un seuil à partir duquel aucun acteur ne peut espérer améliorer sa position sans détériorer celle du concurrent.

Ce qui m’amène a l’analyse de la postkeynésienne Johan Robinson, qui au vu de l’actualité me semble très pertinente.

En effet Johan Robinson explique dans son analyse que l’entreprise qui parvient à réaliser le plus fort volume de production sur son marché peut alors écraser la concurrence grâce à des coûts de production plus faibles (économies d’échelles et effets d’expériences). Il en résulte que les situations d’oligopole voire de monopole sont des structures de marché répandues.

Les entreprises dominante ne risquent-telles pas d’utiliser leur matrices de gestion du portefeuille d’activités que vous nous avez enseignés, lors que j’était votre élève pour détecter les marchés attrayants et y consacrer une partie de leur cash flow colossal et ainsi empêcher le petites entreprises d’investir le marché se qui imposerai d’importantes barrières a l’entrée.

De plus ce mode de régulation monopoliste au quel fait référence, Aglietta le célèbre économiste français qui repose sur la redistribution des fruits de la croissance n’est-il pas en crise puisque la partie de l’EBE consacrée aux dividendes est de plus en plus importante, 20% en 2005 selon Bloomberg TV

Ces situations sont non seulement insatisfaisantes pour le principe d’atomicité des néo-classiques mais en plus contredit la loi des débouché de J B Say déjà mise a male par T R Malthus. Comment empêcher les marchés de se concentrer, vers des situations oligopolistiques, comme on a pu le constater à travers les récentes menaces d’OPA. De plus lorsque les Etats interviennes ils sont taxé de protectionnistes et très critiqués. Mario Monti lorsqu’il été commissaire européen à la concurrence, avait une gestion de ces problèmes plus inquisitrice mais meilleur a mon avis !

Merci de votre attention monsieur Duchesne, en attendant d’avoir le plaisir de vous relire.

Écrit par : Samir AMELLAL | lundi, 27 mars 2006

Bonjour Amellal,

Je faisais tout à fait référence à Pareto dans l'analyse du processus de concurrence international, qu'autorise l'ouverture des marchés. Nos entreprises européennes doivent atteindre des Tailles Minimales Efficaces si elles veulent être compétitives. Cependant les situations monopolistiques peuvent générer des contraintes de sous optimalité pour la zone d'intégration. Il est donc nécessaire d'empêcher ces situations en privilègiant des marchés oligipolistiques. C'est alors la législation européenne qui doit nous préserver de ces situations. Ces lois existent déjà elles sont connues sous le nom de "loi d'abus de position dominante". On les retrouve également aux Etat-Unis sous le nom de loi "anti trust".
J'aimerais vous dire que le libéralisme ne se suffit pas à lui même. Les gouvernements doivent lui permettre d'exprimer ses effets positifs tout en en corrigeant les effets négatifs. On entre alors dans un libéralisme raisonné (c'est une des raisons qui m'ont poussé à rejoindre le mouvement centriste)
Il est vrai que les économies de dimension sont des élèments qui génèrent des barrières à l'entrée des marchés. Vous ne pouvez pas interdire l'exploitation de rendements croissants, c'est justement eux qui permetteront à nos entreprises de devenir compétitives face à la concurrence internationale. Ce sont encore ces grands groupes qui pourront développer une recherche développement suffisante pour nourrir de nouveaux Centre d'activité stratégique, (dilemme : dans l'analyse matricielle), gage de nouveaux emplois. On retrouve les travaux de Vernon opus. cit.
Je vous rappelle que les dividendes sont eux aussi des revenus pour les actionnaires (très fiscalisés) qui contribuent à la consommation. Ce qui m'interpelle davantage c'est le partage de la Valeur ajoutée entre les salariés (à forte propension à consommer) et les détenteurs de titres financiers. Il s'agirait de favoriser l'actionnariat des salariés, pour favoriser la consommation et aussi, il faut le dire, par équité.

A bientôt Samir,
Au plaisir de vous relire.
Très cordialement,
Alain Duchesne

Écrit par : Alain Duchesne | mardi, 28 mars 2006

Il me semble que ce qui compte, c'est la croissance, elle-même, seule capable d'alimenter les politiques économiques quelles qu'elles soient.
Or, ce qui génère une forte croissance, c'est avant tout l'innovation sous tous ses aspects, mais tout particulièrement celle des entrepreneurs.

On ne peut pas compter sur les mécnanismes classiques d'équilibrage du marché, fussent-ils raisonnés par les Etats. En revanche, les Etats peuvent intervenir en soutenant l'innovation...
http://www.portique.net/article.php3?id_article=129

C'est aussi le point de vue de Christian Blanc dans son ouvrage la Croissance ou le Chaos.

(voir la présentation de l'ouvrage sur le blog pourquoi pas
http://pourquoi-pas.typepad.com/pourquoipas/ )

Écrit par : Anaxagore | vendredi, 21 avril 2006

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